Du sang, de la sueur et des larmes (mais pas de récompense)
Un grand tournoi de football demande du sang, de la sueur et des larmes, mais la gloire, elle, attend toujours. Sans parler de l’énorme fortune en jeu.
Du moins, si vous avez dribblé, sprinté, renvoyé et marqué, et donc donné le meilleur de vous-même sur le terrain. Car les centaines de milliers de travailleurs migrants qui ont peiné dans des conditions dangereuses et dégradantes pour construire les stades de la Coupe du monde 2022 au Qatar ne sont pas passés par la case billetterie. S'ils ont assisté au coup d'envoi du tournoi, c'est parce que 6500 d'entre eux ont péri avant même que l'arbitre Daniele Orsato ne siffle le début du match d'ouverture. Et cette actualité a progressivement été noyée dans les habituelles histoires des équipes et des joueurs dans la dernière ligne droite du tournoi.
Attirer l'attention sur la situation désespérée des milliers de travailleurs migrants qui rendent possible la tenue de la Coupe du monde 2022 au Qatar.
Une campagne créative incitant le grand public à signer la pétition internationale.
Participation au trophée 3D
Dans la dernière ligne droite avant le tournoi, Amnesty a décidé de passer à la vitesse supérieure, notamment parce qu'elle avait l'occasion de faire passer son message aux centaines de milliers de fans de football qui suivaient les retransmissions de la Coupe du monde sur la VRT. Nous avons poussé le concept de la Coupe du monde des travailleurs encore plus loin et avons réalisé un spot télévisé de 30 secondes dans lequel un travailleur dans un stade de foot lève notre trophée en l'air. Avec, à la fin, une incitation à signer la pétition sur le site web d'Amnesty.
Nous avons également proposé une activation en ligne créative : pour chaque signature supplémentaire sur la pétition, notre imprimante 3D ajouterait une couche à un véritable trophée en plastique de la Coupe des travailleurs. Les signataires pouvaient voir une photo de l'avancement. Une fois à 10 000 signatures, la Coupe du monde a été entièrement imprimée : un tir symbolique vers le président de la FIFA, Gianni Infantino.
"Nous demandons à la FIFA d'indemniser les travailleurs migrants qui ont été victimes de violations des droits de l'homme lors de la Coupe du monde au Qatar. La Workers World Cup a été pour nous un moyen créatif de mettre en lumière l'équipe la plus travailleuse des travailleurs de la Coupe du monde et d'accroitre la pression sur la FIFA et le Qatar."
Griet Ryckeboer, chargé de communication, Amnesty International Belgique
Entretenir la pression
Plus de 10 000 personnes ont signé la pétition, et le site web d'Amnesty a reçu pas moins de 15 800 visiteurs. Mais comme la FIFA, des mois après que Lionel Messi et ses coéquipiers aient connu la consécration et une énorme cagnotte, n'a toujours pas versé la compensation demandée, la campagne est toujours en cours… Amnesty vise maintenant 15 000 signatures.
Il n'est bien sûr pas certain que le président Infantino lui-même soit conscient de la pression constante exercée par Amnesty, mais notre campagne est en tout cas un encouragement sincère aux milliers de personnes dont le sang, la sueur et les larmes ont rendu possible la première Coupe du monde dans le monde arabe. Pour iO, les vrais gagnants sont évidents.